Des habitants devant leurs maisons détruites par le passage de l'ouragan Melissa près de Santiago de Cuba, le 29 octobre 2025, à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )
Cuba nettoyait mercredi ses rues inondées et jonchées de débris alors que l'ouragan Melissa, après avoir provoqué la mort d'au moins 20 personnes à Haïti et dévasté des pans entiers de la Jamaïque, se dirige désormais vers les Bahamas.
Machettes à la main, des voisins de Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays, s'entraident à dégager les rues jonchées d'arbres et branchages, a constaté l'AFP.
Certains pans de maisons se sont effondrés, des toits de tôles tordus par les vents violents sont à terre, et la ville est sans électricité, de nombreux poteaux gisant au sol. Des rivières alentours sont sorties de leur lit et par endroits l'eau atteint la taille. Là, des moutons noyés gisaient sur l'asphalte.
Le toit de la maison de Mariela Reyes, une femme au foyer de 55 ans, s'est envolé pour retomber fracasser dans la rue adjacente. "Ce n'est pas facile de perdre tout ce qu'on a. Le peu qu'on possède", dit Mme Reyes, découragée. Mardi, elle avait mis à l'abri son téléviseur et d'autres appareils électroménagers chez sa sœur.
Melissa se trouve désormais au large des côtes est de Cuba accompagné de vents à 155 km/h, mais des pluies torrentielles continuent de s'abattre sur l'île, selon le centre national des ouragans (NHC).
Melissa a pris la direction des Bahamas où une dangereuse tempête est attendue dès aujourd'hui, selon le NHC, et se dirigera ensuite vers les Bermudes, qu'il devrait atteindre jeudi soir, avec un léger renforcement possible.
Aux Bahamas, "les résidents doivent se mettre à l'abri", alerte le NHC, et aux Bermudes "les préparatifs doivent être terminés avant la première occurrence prévue de vents de tempête tropicale".
- "Destruction immense" -
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a déclaré que l'ouragan avait causé des "dégâts considérables" mais n'a pour l'heure déploré aucun bilan humain.
Un homme assis sur une partie du toit de sa maison, à Santiago de Cuba, le 29 octobre 2025 ( AFP / YAMIL LAGE )
A Haïti, pas directement frappé par le centre de l'ouragan mais sévèrement touché par de fortes pluies, au moins vingt personnes, dont dix enfants, sont mortes et dix sont portées disparues, selon le directeur général de la Protection civile, Emmanuel Pierre.
La crue de la rivière La Digue a emporté plusieurs maisons dans la localité côtière de Petit-Goâve, selon des habitants. "Des personnes ont été tuées, des maisons emportées par les eaux", a confié l'un d'eux, Steeve Louissaint, à l'AFP.
Trois personnes sont mortes au Panama, trois en Jamaïque et une en République dominicaine.
L'ouragan Melissa est le plus puissant à toucher terre en 90 ans quand il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, soit le plus élevé sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents soutenus d'environ 300 km/h.
"Il y a eu une destruction immense, sans précédent des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston par vidéo Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes, dont la Jamaïque.
Un homme marche dans une rue inondée à Saint-Domingue, en République dominicaine, le 29 octobre 2025 ( AFP / Danny Polanco )
"Des gens sont dans des abris à travers le pays et pour le moment, nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant", a-t-il ajouté, évoquant une première estimation d'un million de personnes touchées.
"Restez forts. Nous reconstruirons, nous nous relèverons", a écrit sur X le Premier ministre de Jamaïque, Andrew Holness.
A Seaford Town, haut dans les terres de l'ouest de la Jamaïque, du restaurant de Christopher Hacker ne reste qu'une poignée de structure en bois, cloisons et toit disparus, avec quelques plaques de tôles ondulées brinquebalantes. "Tout a disparu", explique-t-il à l'AFP par messages écrits, photos à l'appui.
Dana Morris Dixon, ministre de l'Éducation, des Compétences, de la Jeunesse et de l'Information a indiqué que "les dégâts sont importants dans l'ouest de la Jamaïque", mais souligne que la capitale Kingston "n'a pas été gravement endommagée".
Selon Desmond McKenzie, ministre des Collectivités locales, de nombreuses infrastructures ont été "gravement touchées" à Montego Bay (ouest) où un hôpital "a été dévasté" dit-il "faute d'un autre mot".
Plus de 25.000 personnes se trouvent dans des abris car "de nombreuses maisons ont été détruites", a-t-il dit. "Le chemin ne sera pas facile. Vu l'étendue des dégâts cela va prendre beaucoup de temps".
Le ministre a également relevé "qu'au milieu de tout cela, un bébé a été mis au monde en toute sécurité dans des conditions d'urgence. Il y a donc... un bébé Melissa".
- "Rappel tragique" -
Un homme dans les décombres de sa maison à Santiago de Cuba, le 29 octobre 2025 ( AFP / Yamil LAGE )
Les Etats-Unis "envoyé des équipes de secours et d'intervention dans les zones touchées, ainsi que des fournitures vitales", a indiqué sur X le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio.
Le Royaume-Uni va fournir une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés, a indiqué mercredi le ministère des Affaires étrangères.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le roi Charles III qui se de dit "profondément attristé par les dégâts catastrophiques" estime que "cette tempête sans précédent, la plus terrible jamais enregistrée, nous rappelle qu'il est de plus en plus urgent de rétablir l'équilibre et l'harmonie de la nature".
Le chef de l’ONU Climat a fait le rapprochement entre la catastrophe et la grande conférence climatique des Nations unies COP30, dans quelques jours au Brésil.
"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l’urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, lui-même originaire de l'île de Carriacou (Grenade), frappée l’an dernier par un ouragan.
Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des ouragans (ou cyclones ou typhons) les plus intenses, avec des vents plus violents et des précipitations plus importantes, augmente, mais pas le nombre total de cyclones, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l’ONU, le Giec.

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